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Muriel Aublet-Cuvelier, une cheffe pâtissière aux multiples talents

Muriel Aublet-Cuvelier

Muriel Aublet-Cuvelier est une jeune cheffe pâtissière pleine de talent. A travers cette interview, elle nous raconte à son parcours atypique. Elle nous livre également sa vision du futur de la pâtisserie avec enthousiasme et passion.

Est-ce que le métier de cheffe pâtissière était une évidence pour vous (dès votre enfance) ?

Bien que ce fût une évidence, non pas du tout. J’ai voulu être fleuriste, designer, couturière … Pour moi pâtissier, ce n’était pas un métier. Du moins, je ne m’étais jamais posé la question. J’adorais manger des pâtisseries, mais également les faire aussi !

En fait, j’ai découvert le métier de pâtissier, lorsque j’ai fait un stage en troisième, chez le traiteur préféré de ma grand-mère. J’ai adoré travailler avec celui-ci, il m’a fait découvrir pleins de choses. Et c’est à ce moment précis que je me suis dit : mais en fait, pâtissier, c’est un métier et je pourrai faire des gâteaux toute ma vie !

muriel aublet

Comment la pâtisserie est-elle arrivée sur votre chemin ?

Très tôt, j’avais fait un stage chez une couturière. Donc au début je voulais faire ce métier. Mais dès que j’ai découvert le métier de pâtissier, je savais que c’était cela que je voulais faire. Après je n’ai pas commencer dans le dur … dans le sens où j’ai commencé par un lycée hôtelier. Donc j’ai vu autant de la cuisine, de la pâtisserie, de l’hébergement, que du service. Et il y avait également de la gestion, des langues étrangères, du commercial. C’était ainsi aussi large au niveau de l’hôtellerie.

Après ce bac, j’ai fait une première année de BTS au sein d’un bel établissement étoilé Michelin, à côté de Bordeaux. Sauf que lorsque je suis revenu sur les bancs de l’école, j’ai eu beaucoup de mal à rester assise. Je me suis rendu compte qu’il fallait vraiment que j’aille faire, que j’aille apprendre au métier de pâtissier. Donc j’ai décidé de quitter le BTS (au grand dam de mes professeurs et de mes parents). Mais mes parents ont très vite compris que ce n’était pas un caprice, et que j’en avais vraiment besoin. Ainsi, je suis partie faire un CAP pâtissier à ce moment-là. Et cela a très bien marché. Ensuite, j’ai fait un CAP chocolatier.

 

Avez-vous eu des doutes dans votre parcours ?

cheffe patissière

Oui, je pense que j’en ai eu plusieurs, déjà au lycée hôtelier. La première année était très difficile, car comme ce fut assez général, je ne m’y retrouver pas assez. J’avais envie de faire plus de manuel. Ainsi, à un moment donné, ce fut assez dur, et je me souviens d’avoir dit à ma mère un soir : je vais arrêter ! Et ma maman a eu une très bonne idée, elle m’a dit : écoute, réfléchis bien, fait une colonne avec les plus et une avec les moins. Et tu réfléchis vraiment à ce que tu veux faire.

Finalement, cela m’a permis de réfléchir sur un peu plus loin, de voir un peu plus loin que le cursus en lui-même. Cela m’a donc permis de me rendre compte que si, il fallait que je continu ! J’ai fini par continuer et j’ai bien fait. Puisque j’ai obtenu mon Baccalauréat technologique hôtellerie avec Mention Très Bien. Mais pour y arriver, j’ai beaucoup travaillé. Après, lorsque cela vous plait, c’est plus simple de travailler.

Ensuite, comme je le disais précédemment, il y a eu le moment où j’ai arrêté le BTS. Mais je l’ai arrêté pour faire mon CAP pâtissier. Et pour vraiment être dans le vif du sujet.

Dans mon parcours, il y a eu une grosse césure : c’est le Peninsula. Lorsque je suis rentrée au Peninsula, c’était Julien Alvarez qui était le chef pâtissier. C’est un super chef pâtissier ! J’ai adoré cette expérience, une des meilleurs humainement et professionnellement. Mais lorsqu’il est parti, c’est devenu très différent …  Je me suis ainsi posé beaucoup de questions, j’ai eu beaucoup de doutes. Et c’est à ce moment-là que j’ai participé au Meilleur Pâtissier. Je ne voulais plus travailler dans des palaces … Donc je me suis demandé ce que j’allais faire … Je me suis donc lancé sur YouTube.

 

Trouver vous qu’il plus compliqué pour une femme de se faire un chemin dans ce milieu (un milieu souvent que d’hommes) ?

muriel aublet

Oui, mais à différents niveaux de mon parcours. Au début, pas trop. Du moins, je ne voyais pas trop de différence. J’apprenais aux côtés d’un chef, donc j’obéissais, je rangeais …

Je pense que c’est plus lorsque j’ai commencé à avoir des postes à responsabilités que j’ai vu la différence. La différence du point de vue des personnes, dans le fait d’être prise au sérieux, d’être respecté. C’est différent lorsque l’on est femme. C’est compris qu’il fallait être plus lorsque l’on est une femme, et qu’il fallait donner plus, qu’il fallait avoir plus de charisme …

Et je le vois encore aujourd’hui à travers mes différentes collaborations. En effet, je dois toujours être plus ferme, ce qui me désole un petit peu d’ailleurs … Mais oui, je le vis pleinement aujourd’hui.

 

Comment cette expérience est venue à vous ?

Cette expérience a vu le jours lorsque j’étais au Peninsula. Car j’avais une collègue qui m’a appelé, elle avait été contactée par M6. La chaîne était à la recherche de candidats pour Le Meilleur Pâtissier spécial Professionnels. Ils étaient déjà deux filles, et c’étaient des équipes de trois. De plus, ils voulaient une équipe exclusivement féminine. Au début, j’ai dit non ! « Je ne veux pas faire de télé, ce n’est pas pour moi… ».

Et puis, finalement, j’étais dans cette période de doute, de changement. Je fonctionne beaucoup aux challenges, ainsi je me dis « pourquoi, cela peut être une bonne idée ». J’avais besoin d’aventures et de challenges. J’ai mis juste une heure à me décider, à changer d’avis.

Avez-vous aimée l’expérience de la télévision ?  Si cela était à refaire, le referiez-vous ?

J’ai adoré cette expérience. J’ai adoré l’image, le rendu. On avait une super journaliste avec nous. Nous avons tous une journaliste avec nous, afin de nous indiquer comment cela fonctionne, ce qu’il faut dire, voir s’il y avait des choses que l’on avait manqué … Et elle nous a très bien expliqué les choses. Cela nous a permis de vivre ce concours de manière beaucoup plus simple et fluide.

La télévision a-t-elle « boostée » votre carrière ?  Changer votre vie ?

Lorsque j’ai commencé ma chaine YouTube, j’ai recroisé la personne qui faisait la régie culinaire pour l’émission. A ce moment-là, il travaillait pour l’émission Top Chef, en tant que main (pour faire les raccords vidéo). En discutant, il m’a proposé de travailler avec lui entant que conseillère culinaire dans des tournages. La première mission que j’ai faite était pour l’émission Joséphine Ange Gardien. J’ai participé au scénario afin de voir si ce qu’ils disaient était cohérant. Car l’épisode se déroulait dans une chocolaterie. En plus de cela, j’ai créé une bûche pour l’épisode.

 

Pourquoi avoir choisi YouTube comme réseau social ?

Je ne l’ai pas vraiment choisi. C’est assez drôle car la vie est faite de pleins de rencontres et de surprises. Pour la petite anecdote : je ne vais pas souvent chez le coiffeur. Cependant, après le tournage de l’émission, j’y suis allée. Ma coiffeuse, m’a dit qu’elle avait adoré mon passage dans l’émission. Elle m’a également demandé pourquoi je ne surferais pas sur la vague de YouTube ?

Au début, j’étais réticente car je me disais « moi je suis professionnelle … qu’est-ce que vont dire les gens… ? »

Elle a planté une petite graine dans ma tête. Et puis, une heure après, je me suis dit que ce n’était pas une si mauvaise idée. Car comme je ne savais plus vraiment ce que je voulais faire. Je me suis dit, pourquoi pas YouTube. De plus, je ne savais même pas que l’on pouvait s’abonner. Ainsi, je remercie beaucoup Sara, cette coiffeuse qui était géniale !

 

 

Pensez-vous qu’il est désormais primordial d’être sur les réseaux sociaux aujourd’hui ? (En tant que cheffe)

Cela m’attriste un peu de l’admettre, mais oui. Aujourd’hui, c’est le moyen numéro un pour se faire connaitre. Avec les réseaux sociaux, tout va vite, donc les personnes peuvent directement repartager votre vidéo. Avec un beau compte Instagram est désormais important. En effet, même moi aujourd’hui, lorsque je rencontre une personne, je lui demande son compte Instagram (s’il s’agit d’une personne artistique, ou si la personne possède un restaurant). Je ne vais plutôt lui demander son site internet. Parce que, l’on peut directement voir les images, l’ambiance du lieu…

C’est triste, car cela met de nombreuses personnes très talentueuses de côté, mais je pense qu’il est désormais primordial d’être sur les réseaux sociaux.

 

Comment est né « Les Secrets de Muriel » au Grand Colbert ?

muriel aublet

A l’époque, l’établissement faisait des soirées jazz. Et c’est tout de même un lieu qui est très beau, et vu que j’adore le jazz, je me suis dit pourquoi pas. Et j’ai rencontré les deux patrons. On a beaucoup discuté, et à l’époque, ils voulaient apporter un peu de modernité à la pâtisserie. Ainsi, ils m’ont demandé de créer deux dessert signatures pour le Grand Colbert : un au chocolat et un aux marrons. Cependant, il y a les confinements, donc ce projet a été retardé et reporté.

Durant le premier confinement, ils ont vu ma vidéo « FAQ », dans laquelle je disais que j’aimais beaucoup le concept des boutiques éphémères. Ils m’ont proposé de crée ce type de projet au Grand Colbert, mais il y a eu entre temps le deuxième confinement.

Nous avons tout de même travaillé sur le sujet. Et puis, nous nous sommes dit que même si nous étions confinés, nous allions sortir ce projet. Finalement, nous l’avons ouvert durant le troisième confinement. J’ai fait du « click and collect » jusqu’à Pâques. Cela a très bien fonctionné, j’avais le restaurant pour moi toute seule.

Ils m’ont demandé par la suite si je voulais collaborer avec eux. Je me suis ainsi retrouvée à écrire pour la carte du Grand Colbert et à proposer mes pâtisseries fines (dans la vitrine du restaurant, à emporter en tous les jours. En plus du salon de thé).

 

 

Pourquoi avoir créé des Box/Ateliers « Les Secrets de Muriel » ?

J’adore YouTube, mais avant tout je suis cheffe pâtissière. J’aime faire goûter mes créations. C’est ma sensibilité.

On me demande souvent quels produits j’utilise pour mes recettes. Ce sont des produits de niches. Pour moi, les produits sont très importants. Donc on ne peut pas les retrouver partout. C’est donc ça le but : proposer un atelier, avec les ingrédients et les moules que j’utilise.

 

Un conseil pour être bien organisé ? Gérer toutes ces casquettes ?  

Haha … c’est compliqué…  Mais je pense que je suis organisée dans mon bazar.

Au départ, il faut y être à fond. Dire oui à tout. Vivre des expériences, faire des rencontres. Donner de sa personne. Mais également y croire, c’est très important. Il faut croire en ces rêves et ne pas avoir peur. Car la peur, c’est ce qui nous crée en général des blocages. Donc, nous n’y allons jamais. Moi, je n’ai pas eu peur. Après, c’est aussi mon tempérament.

Cependant, petit à petit, il faut commencer et savoir se donner des limites. Je vais donner un exemple tout bête : j’ai enlevé toutes mes notifications sur mon téléphone. Car celui-ci était constamment rempli de notifications, ainsi il sonnait tout le temps. C’est une charge mentale à ne surtout pas négliger !

 

 Quels seraient vos futurs projets / envies ?

Je pense que j’ai un rêve un peu inavouable. J’ai pas mal travaillé en télé en tant que conseillère culinaire … J’ai notamment suivi l’émission présenté par Norbert avant le premier confinement. J’aimais beaucoup, car l’on est parti à la découverte des régions. On a ainsi pu voir plein d’endroits. Il y avait une super équipe de tournage. C’est un milieu qui me plait, ainsi qu’une dynamique qui me plait également beaucoup. Car je m’ennuie très vite, donc j’ai besoin d’être stimulée.

Donc je pense qu’exercer à la télévision, c’est un rêve que j’aimerai beaucoup accomplir.

 

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Muriel Aublet

Je crois que mes sources d’inspirations sont des choses assez simples.

Premièrement, je dirais que c’est mon enfance. Car j’ai eu la chance de grandir dans une famille d’épicurien. Qui adore les bons produits, qui adore faire à manger. Avec laquelle j’ai beaucoup voyagé aussi. Déjà, cela va être des souvenirs de l’enfance, des goûts, des couleurs des associations…

De façon plus globale, les humains m’inspirent beaucoup, les rencontres… Je me nourris énormément des énergies des personnes que je rencontre. C’est pour cela que je m’éloigne très rapidement des personnes négatives. D’ailleurs, je mets un point d’honneur à bien m’entendre avec mes fournisseurs. Et donc, à d’abord être face à un être humain, qui me parle et avec qui, je me sens bien, avant d’être face à un ingrédient. Mais souvent cela va de pair.

Sinon, il y a les saisons aussi. En fonction des saisons, de quoi j’ai envie. Je vais peut-être avoir plus envie de chocolat en hiver, par exemple. Je vais avoir ainsi envie de créer des choses à partir de ces envies-là. De ce que la nature nous offre.

Par exemple, en ce moment, j’ai un nouveau format de vidéo sur YouTube. Je vais à la rencontre d’autres chefs cuisiniers, de chefs pâtissiers, des agriculteurs… Je fais avec eux une recette. Cela peut être une recette qu’ils veulent nous faire découvrir ou une recette phare. Je continue à m’enrichir à leurs contacts. Car nous avons tous un passé différent, un savoir-faire différent, des ingrédients de prédilection, des tours de mains différents … Du coup, cela fera partie de mes inspirations prochaines. Finalement, ils me donnent une partie d’eux, comme je donne une partie de moi-même aux personnes qui regarde mes vidéos.

 

 

Découvrez une autre femme au parcours inspirant : Delphine Wespiser

 

 

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