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Entretien avec l’artiste La Big Bertha

Entretien avec l’artiste drag queen La Big Bertha

La Big Bertha est le nom de l’artiste drag queen à la carrière florissante que nous vous présentons aujourd’hui. Performance en effeuillage burlesque, direction artistique de cabaret, candidature à l’émission Drag Race France… L’artiste nous parle de son parcours et de ses projets lors de cet entretien pour Fresh Mag Paris !

Pourriez-vous vous présenter pour les lecteurs de Fresh Mag Paris ?

Mon nom de scène c’est de la Big Berta avec son petit acronyme “Big Blonde and Fat-Bulleuse” puisque je suis une drag-queen grosse, à barbe et ma spécialité, c’est l’effeuillage burlesque. Donc je montre mon corps nu, mon corps gros sur scène de manière totalement artistique.
Mon art du drag et mon corps sont politiques. Les principaux messages de mon Drag d’acceptation du corps des messages de déconstruction de normes puisque la norme nous enferme un petit peu dans des carcans et surtout dans un carcan de corps, dans mon cas.
Je suis grosse, je le montre, j’aime mon gras, j’aime le montrer et avec beaucoup de sensualité et de volupté.

Pourriez-vous nous parler du parcours qui vous a amené à faire de la scène burlesque ?

 

LaBigBertha

Crédits : Jean Ranobrac / France TV

J’ai commencé le théâtre à l’âge de six, sept ans. Ça a été une révélation pour moi. Un amour immédiat pour la scène, pour le théâtre, pour les planches. Tout au long de ma jeunesse, j’ai découvert l’univers du cabaret au travers de Jean-Marie Rivière qui est le papa du cabaret parisien. C’est lui qui a créé La Grande Eugène, L’Alcazar ou Le Paradis Latin.

Je m’intéressais aussi au Crazy Horse, notamment quand leurs émissions ‘était diffusé à minuit tous à chaque Nouvel An, à la Saint Sylvestre. J’avais des yeux ébahis devant l’écran à sept, huit ans à l’époque. Je trouvais tout cela fantastique.
Pendant mon adolescence, j’ai commencé à m’intéresser à l’opéra ainsi qu’à d’autres univers artistiques.
Je suis parti de ma ville natale de Castres, dans le Tarn, pour monter dans la région parisienne. Je suis monté à Paris pour faire du théâtre. C’est durant cette période que j’ai vraiment découvert l’univers du Drag. Car plus jeune, j’avais découvert Maria Ulrika Von Glott, le personnage Drag de Marianne James qui m’avait totalement fasciné.

Et de fil en aiguille, j’ai voulu combiner un peu tous mes acquis obtenus pendant tout mon apprentissage artistique sur le théâtre, la danse ou l’opéra…En faire comme une grosse tambouille de tout ça et le mettre sur scène. J’ai trouvé que l’art drag me permettait d’explorer tous ces univers différents.
J’ai commencé l’art du Drag il y a une dizaine d’années en créant La Big Bertha.
Et il y a six ans, j’ai rencontré des performeuses burlesques qui me disaient : “-Mais Bertha, il faut que tu fasses des effeuillages burlesques, tu peux vraiment t’épanouir là-dedans !”
Je n’étais pas très chaud au début de montrer mon corps. Mais je me suis rendu compte qu’en fait le burlesque m’a permis de faire la paix avec mon corps et avec moi-même.
Et d’aider aussi peut-être les autres à se dire : ”- Mais, en fait, mon corps est gros, mon corps est beau, mon corps est unique et j’en fais une force !”
C’est là où je me suis clairement mis au burlesque. Ce qui m’a permis de partir en tournée à l’étranger et de voyager énormément avec mes numéros dans des scènes diverses et variées à travers la France et différents pays d’Europe comme la Suisse, l’Allemagne ou la Suède, un pays friand de show burlesque. Également à Bruxelles, où se trouve le cabaret Mademoiselle, dont je suis la marraine.

Lors de mes shows, j’effectue mon numéro d’effeuillage signature, un numéro qui est très important pour moi. Il résume très bien tout ce que je vis dans le milieu ou même aux yeux des gens. On est dans une société où on essaye de te faire rentrer dans une case. Et face à cette injonction, j’y réponds : ”-mais en fait non, je ne veux pas rentrer dans cette case !” Et comment je leur réponds ? Juste en montrant mon doigt ! (Rires)

La Big Bertha est une des candidates de l’émission « Drag Race France », diffusée sur France TV Slash. Comment s’est déroulé votre candidature à l’émission ?

En fait, on est venu me chercher ! Au tout début, je n’étais pas très chaud de faire l’émission parce que j’ai trouvé qu’il y avait quand même une certaine image très formatée du Drag dans ce format-là. Au fur et à mesure de discussions avec la production, ils m’ont dit : “-Justement, on veut un personnage comme toi parce que tu es un personnage unique et on veut montrer que l’art drag en France est totalement éclectique.”

Ce qui est vrai et qu’on peut d’ailleurs voir dans le casting de l’émission.
On a un casting racisé, on a des grosses, on a des fashion Queen, on a la candidate La Briochée qui est une femme transgenre, on a vraiment un

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Crédits : Jean Ranobrac / France TV

panel qui est hyper varié ! Et qui montre vraiment beaucoup de facettes de l’univers du drag et ça, c’est une énorme fierté pour nous quand on a découvert ça.

C’était un tournage assez fantastique parce qu’on s’est retrouvé vraiment entre performeurs. On a toutes et tous le même amour pour la scène, le même amour pour notre art et surtout il y a eu beaucoup de sororité et de solidarité entre nous.
Même si, il ne faut pas se mentir, l’émission Drag Race France restent les jeux olympiques Drag.
C’est une compétition qui est très, très dure physiquement comme psychologiquement. Ce sont des challenges, ce sont des épreuves. On doit savoir tout faire : danser, chanter, faire la comédie, confectionner des tenues… C’est une aventure humaine assez exceptionnelle.
C’était hyper intéressant aussi pour nous de découvrir des facettes qu’on n’avait jamais explorées.

On peut s’y surprendre soi-même. Pour l’anecdote, j’ai fait un maquillage qui me sortait de ma zone de confort alors que j’étais fatiguée, je n’en pouvais plus.
Et le jury m’a dit : “-ah il est bien ton maquillage, c’est cool et c’est intéressant !”
Ce qui prouve qu’on peut encore se renouveler, qu’on peut encore évoluer et surprendre soi-même et autrui.
Ce qui était intéressant aussi, c’était d’apprendre des autres candidates, des différents échanges qu’on pouvait avoir avec tout le monde dans l’atelier. C’était très enrichissant pour tout le monde.

Quels sont vos projets pour les années à venir ?

Il y a la tournée Drag Race France avec toutes les candidates de l’émission. La tournée commence du 1er au 3 septembre 2022 au Casino de Paris puis fera le tour de la France et de la Belgique.
On est très fier de cette tournée : toutes les Queens seront ensemble pour un spectacle qui va être assez fantastique. On va ainsi  y découvrir les univers de chacune sur scène et on a tellement hâte.

Pour ma propre actualité, je continue avec les tournées à travers l’Europe. J’ai une production qui s’appelle La Bertha’s Fantasia qu’on fait tous les trimestres avec dix artistes. On va reprendre le format sur Paris et en tournée.
C’est un cabaret qui est pluridisciplinaire parce qu’il n’y a pas que des drags : il y a aussi des artistes de cirque, des effeuilleuses burlesques, des chanteurs lyriques…
C’est un cabaret que j’aime beaucoup, qui montre tout un éventail de cabarets, parce que je suis une drag Queen de cabaret avant tout.

Récemment, j’ai pu expérimenter d’autres types d’art. J’étais notamment dans un cirque. C’était vraiment fantastique. On a retravaillé l’oeuvre d’Alfred Jarry, un dramaturge français et c’était très intéressant de travailler là-dessus. L’année prochaine, je vais intégrer un opéra…Tous ces projets que je ferais en tant que Bertha !

C’est hyper intéressant de voir comme l’art drag qui était avant un art communautaire. Auparavant, pour aller voir du drag, il fallait aller dans des endroits dits LGBTQIA+.
Aujourd’hui, on se rend compte que, grâce à cette ouverture d’esprit, grâce à cette visibilité, cette médiatisation, l’art drag n’est plus communautaire, mais devient un art populaire. Il y a donc plein de beaux projets qui arriveront dans l’avenir, qui vont être magiques.

Quels conseils pourriez-vous donner à quelqu’un qui est attiré par l’art du Drag et qui souhaite se lancer ?

Il y a beaucoup de gens qui me posent la question sur les réseaux sociaux et à chaque fois, je leur réponds en leur posant des questions, à savoir “-pourquoi voulez faire drag ? Est-ce qu’il y a un message derrière votre art ? Qu’est-ce que vous voulez montrer sur scène ? Quel est le côté unique de votre personnage ?”
Il y a beaucoup de gens qui me répondent : ”-C’est pour être beau/belle”.

Dans ces cas-là, je dis “- c’est très bien, mais tu peux le faire dans ton coin si tu le veux. Sur scène, on n’attend pas que des gens beaux/belles. On attend des gens qui marquent les esprits, qui ont des messages et des choses importantes à dire.”
Parce que, quand je parle de drag, je parle de drag performatif sur scène, c’est là où est ma spécialité.
Et je conseillerais aussi de ne surtout pas avoir peur de bosser parce que c’est énormément de travail. Être drag, c’est être costumier, c’est être maquilleur, c’est être chorégraphe, danseur, acteur…
Il faut savoir utiliser toutes ces cordes à son arc et être quand même très polyvalent. C’est vraiment un art pluridisciplinaire.

 

Pour en savoir plus sur l’univers de La Big Bertha, rendez-vous ici !

Pour réserver votre place pour la tournée Drag Race France, cliquez ici !

 

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