De Midnight in Paris au Fabuleux destin d’Amélie Poulain en passant par La la land ou même Ratatouille ! La plus belle ville du monde est une capitale remplie de clichés plus gros les uns que les autres. Pourtant, si il y a bien une idée reçue qui subsiste, qui résonne et bonifie le Tout-Paris ( voire le monde entier !) c’est bien celle-ci : « Paris est la ville de l’amour ».
Évidemment avec le Pont des Arts, le Sacré-Cœur, le Mur des « Je t’aime », Paris est LA ville qui glorifie, consomme et vend l’amour à tout bout de champ ! Mais une question reste en suspens : Qu’en pensent les Parisiens, sont-ils amoureux, sont-ils romantiques et aussi passionnés que dans les films hollywoodiens ?
Un cliché enflammé
Si les fleuristes nouvelle génération résistent, si les small business « bobos » où l’on trouve des chocolats à l’effigie de sa tendre moitié ne désemplissent pas, et que les amoureux souvent touristes étrangers s’essayent continuellement au « French Kiss » en plein milieu de la ligne 7 (idéalement placé aux alentours de Stalingrad-Barbes- Rochechouart), on peut facilement se dire que oui, Paris participe à véhiculer le stéréotype du « French Love ».
Entre deux-trois bouts de croissant croustillant dégoulinant d’amour sucré, Camilla, 22 ans, touriste polonaise visitant pour la première fois Paris, est l’incarnation même de ce cliché : « You came here and you just wait for love, wait for people to hug you, in fact, it’s more of it, like it’s also about the « French things », the bakeries, the outfits, this attractive Parisian feeling ».
« Vous êtes venu ici et vous attendez juste l’amour, vous attendez que les gens vous prennent dans leurs bras, en fait, c’est plus que ça, comme s’il s’agissait aussi des « choses françaises », les boulangeries, les tenues, ce sentiment parisien attrayant ».*
Camilla, comme tant d’autres touristes, a été bercée depuis sa plus tendre enfance par ce « Paris Magique » où Cupidon erre dans la Rue de la Fidélité(10e) et se perd dans la Rue des Boulets (11e) … A vrai dire, on ne peut que lui donner raison, à force de vivre dans une ville aussi « romantique » que notre Paris « chéri », on marche non seulement dans des noms de rues assez lyriques, mais on respire aussi le passé de couples emblématiques comme Sartre-Beauvoir, Claudel et Rodin, les Curies, on réinvente même ceux qui sont légendaires comme Quasimodo et Ésméralda…
Et nos vrais Parisiens dans tout ça, arrivent-ils à se projeter ? À construire un « couple » sans se comparer indéfiniment à tant d’autres, à une époque où les relations éclairs prennent de plus en plus d’ampleur, ce Paris qui vante l’amour arrive-t-il encore à séduire ses propres habitants ?
Une relation compliquée
Colette disait « Dans Paris, l’amour se glisse entre deux pavés, il attend sous un balcon, il fleurit sur les quais », or, c’est bien connu, les Parisiens sont très patients et attendent l’élu(e), que-dis-je, le prince charmant, l’âme-sœur bref le grand amour !
Certains sont plutôt idéalistes comme Margot. D, 21 ans, Parisienne depuis deux semaines « Paris est vraiment un cliché, je pense sincèrement que Paris est la ville de l’amour. Même si je suis là pour le travail, je vais prendre des cafés dans les beaux quartiers pour réaliser que j’habite à Paris et peut-être bien rencontrer l’amour ». D’autres sont beaucoup plus terre à terre comme Margot. C, 21 ans également, Beauvaisienne et travaillant à Paris, « Je ne me projette pas à Paris en couple, je viens ici pour travailler. Ici, tout est trop speed, il faut prendre le temps pour s’essayer à l’amour, à Paris, on n’est pas soi-même : on vit dans le rythme métro-boulot-dodo ».
Alors, Paris, ville de l’amour… mythe ou réalité ? Et bien, tout dépend de la paire de lunettes avec laquelle on la regarde. Pour les touristes, elle est magique, romantique, presque sortie d’un film avec une bande-son signée Yann Tiersen. Pour les Parisiens, elle peut être autant un décor de rêve qu’un terrain de jeu semé d’embouteillages émotionnels et de rendez-vous manqués. Mais au fond, n’est-ce pas ça, l’amour à la parisienne ? Une pincée de poésie, un croissant croustillant, des quais baignés de soleil… et beaucoup de patience.
Alors oui, Paris nous vend l’amour, le glorifie et le filme à toutes les sauces, mais au final, c’est peut-être justement dans ce mélange de clichés, de petites joies et de désordres du quotidien que l’on trouve le vrai romantisme. Parce qu’à Paris, comme ailleurs, l’amour n’attend pas seulement sous un balcon ou sur un pont, il se trouve aussi dans les cafés, les rires partagés et même dans le métro bondé… il suffit juste de lever les yeux (et parfois de sourire malgré la rame qui part sans vous!).
Un article de Christa James.