Ivaanyh, le nouveau phénomène de la pop urbaine
« Chanter, c’est toute ma vie »
Elle est auteur, interprète, joue du piano, de la guitare et danse. Bref, Ivaanyh est un véritable couteau suisse. Retenez bien son nom. Son grain de voix ne vous laissera pas indifférent. L’orléanaise passionnée et déterminée qui a la tête bien posée sur ses épaules, n’en est pas à ses débuts. Après avoir fait les premières parties de Michael Jones et de Kassav, elle revient avec « In vain », un quatrième single très prometteur, extrait de son prochain EP. Échange intimiste avec une artiste en développement humble qui a hâte de retrouver la scène et son public.
Fresh Mag Paris : Qu’est-ce qui a décidé la commerciale que vous étiez à tout quitter pour vous exprimer par la voix ?
Ivaanyh : La passion de la musique ainsi qu’un constat de vie. Il fallait que je commence à vivre pour moi et non plus pour faire plaisir à mon entourage ou à ma famille. Les choses se sont faites petit à petit. Les idées sont passées par des actions jusqu’au moment où j’ai quitté mon travail pour me lancer dans la musique.
FMP : Un challenge obligé pour vivre son rêve ?
I : Oui et non puisque j’ai pris la décision, malgré les difficultés, de me consacrer à la musique. En vivre, aussi modestement qu’elle soit, est déjà une sorte de victoire.
FMP : Que représente chanter pour vous ?
I : Chanter, c’est toute ma vie. J’ai fait des concessions sur ma vie de femme, de maman et de couple que j’ai mis un peu de côté pour le moment.
FMP : Mettre des mots sur des maux comme dans votre dernier single « In vain » (en vain) en fait partie ?
I : C’est le principe d’une chanson. Cela fait partie des émotions de la vie. La musique est justement un canal pour les véhiculer.
FMP : De quoi parle « In vain » ?
I : D’une histoire d’amour fraternel, familial. Même si cela n’était pas voulu, j’ai pris la décision de l’affirmer. J’avais besoin de faire passer ce message, de l’exprimer dans une chanson.
FMP : Se dévoiler et se livrer demande-t-il un effort particulier ?
I : Pas forcément. C’est l’inspiration qui est différente. On fait appel à des souvenirs en y mettant un peu de retenue. En tant qu’artiste, se dévoiler fait partie du jeu.
FMP : C’est une façon d’être plus accessible ou plus humaine ?
I : Je ne cherche pas à prendre un sujet qui va plaire où qui va correspondre à l’actualité. C’est davantage l’inspiration qui guide mes chansons.
FMP : Justement, d’où proviennent vos inspirations ?
I : De mes histoire, de mes ressentis, de mes expériences. Pour l’instant, je ne prône pas de textes engagés, préférant ne pas prendre de positions marquées.
FMP : Quel regard portez-vous sur le contexte que nous traversons ?
I : Même si je partage une sensation de révolte, j’essaie de prendre du recul en me focalisant et en capitalisant sur des chose plus joyeuses. C’est pour cela que je n’allume plus ma télévision.
FMP : Pour financer le clip d’« In vain », vous avez sollicité votre communauté via la plateforme Kiss Kiss Bank bank…
I : Parce que je ne pouvais pas le financer moi-même. La cagnotte participative est très courante dans notre milieu. J’ai juste attendu d’avoir assez de courage pour solliciter l’aide de ma communauté et continuer à faire vivre ma musique. J’en suis très satisfaite, car les gens ont répondu présent. Grâce à eux, j’ai pu mener à bien « notre » projet commun. Leur générosité m’a beaucoup touchée.
FMP : Qui sont vos modèles ?
I : Beyoncé car elle a su gérer avec précision sa carrière de chanteuse et de business woman. Marvin Gaye, Aretha Franklin et Steeve Wonder pour être arrivés à transmettre la beauté de leur âme.
FMP : Vos influences musicales viennent-elles de là ?
I : De la saoul tout à fait, mais j’aime aussi le reggae et le jazz.
FMP : Alors, comment définiriez-vous votre style ?
I : Aujourd’hui il est pop. Avec « In vain » on est même sur de la pop urbaine et c’est la direction vers laquelle je tends.
FMP : Que ressentez-vous sur scène ?
I : Une sensation de bien-être. C’est là où les énergies et les vibrations circulent. On y est à nu, sans filtre. Je m’y éclate vraiment.
FMP : Vous manque-t-elle ?
I : Forcément. La COVID et le confinement sont une véritable frustration.
FMP : Quel y est votre plus beau souvenir ?
I : Celui où j’ai fait la première partie du groupe Kassav. C’était il y a un an en Guadeloupe. Il y avait près de 20 000 personnes. Le public ne me connaissait pas. J’ai eu avec lui une belle fusion. Ça a été magique.
FMP : Vous diriez qu’assurer des premières parties c’est une chance ou plutôt un défi ?
I : C’est une chance, car on nous donne l’opportunité de jouer et c’est aussi le défi d’aller conquérir un public qui n’est pas le sien en se donnant à 100%.
FMP : Que vous a apporté de chanter dans le métro ?
I : Un moyen de me faire connaître et d’y faire de très belles rencontres, même si ce n’est pas évident. Une fois que l’on est derrière son micro, que l’on chante, que l’on voit les sourires des gens, c’est un moment fort de partage qui me manque beaucoup.
FMP : En parlant de se faire connaître, vous avez participé à des concours de jeunes talents. Sont-ils le passage obligé aujourd’hui pour être découvert ?
I : Je ne le pense pas, mais les concours sont une bonne carte de visite. Il ne suffit pas d’en être la lauréate. Il faut bouger, sinon rien ne se passe.
FMP : Que peut-on vous souhaiter ?
I : D’avoir des gens bienveillants autours de moi avec qui je puisse développer de beaux projets.
Propos recueillis par Daphné Victor
© Judith Gauthier
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