RENCONTRE AVEC CHRISTOPHE BEAUGRAND
Aussi à l’aise sur un plateau de télé-réalité que sur un plateau d’informations, Christophe Beaugrand revient pour cette rentrée
avec un livre-témoignage. Il raconte son parcourt depuis la découverte de son homosexualité jusqu’à l’arrivée de son petit garçon.
Un chemin semé d’embuches qu’il nous livre ici, non pas pour faire étalage, mais pour affirmer que tout le monde peut y arriver.
Depuis vos débuts, vous avez animé plusieurs émissions de radio et Tv, quelle émission aura été la plus intense/ incroyable ? Avez-vous une anecdote à nous raconter ?
Christophe Beaugrand: Oh, il y en a beaucoup. J’ai fait beaucoup d’émissions. Je pense que les souvenirs les plus forts sont toujours les souvenirs des premières fois. Je pense que mon premier prime-time en direct sur TF1 de Secret Story, était sans doute un des moments qui m’ont le plus marqué. Pour entrer sur le plateau, il y avait un écran qui se lève avec des fumigènes, des lumières qui clignotent. C’était un peu Johnny Hallyday au Stade de France version mini quand même. Je me rappelle vraiment de mon cœur battant, juste avant qu’il y ait l’ouverture de ce fameux écran. Juste avant, il y avait un magnéto avec la voix off, la voix de Secret Story. Arriver comme ça sur le plateau, c’était un énorme coup de stress. C’est de la bonne énergie comme on dit.
Quelles sont les prochaines émissions que vous allez animer à la TV ?
Il y a la prochaine saison de Ninja Warrior qui va arriver dans les semaines à venir et que l’on a tourné au mois de juin. C’est une saison qui est complètement dingue, elle va être géniale. Je coanime toujours avec Denis Brogniart et Iris Mittenaere et toujours à Cannes. Un certain nombre de champions reviennent aussi. On va retrouver le grand gagnant Jean Tezenas du Montcel qui va remettre son titre en jeu …. C’est une émission sur laquelle on s’éclate et c’est un plaisir de retrouver le public.
Je fais aussi la matinale week-end sur LCI le samedi et le dimanche avec ma camarade Anne Chloé Bottet et avec toute l’équipe.
Dans 3 semaines, je tourne le Réveillon du 31 de TF1 que je présente avec Karine Ferri comme tous les ans, depuis 3 ans maintenant. J’ai aussi quelques projets à droite, à gauche, et puis les Grosses Têtes aussi sur RTL.
Vous vous êtes mis à nu dans votre livre « Fils à Papa (s) », pourquoi avoir souhaité exposer votre vie privée dans cet ouvrage ?
L’idée n’est pas vraiment d’exposer ma vie privée, c’est de raconter un vécu. Évidemment c’est très personnel, je parle de mon expérience, mais c’est lié à mes engagements contre l’homophobie, pour l’homoparentalité. Il faut y voir d’avantage quelque chose pour rendre visibles des familles qui ne sont peut-être pas tout à fait comme les autres mais qui font partie de la société malgré
tout. C’est l’objet du livre. Initialement, j’avais commencé à écrire des choses juste pour notre famille, pour se souvenir de tout ce qu’on a vécu, parce que l’expérience pour avoir notre petit garçon a été longue et compliquée. Ça a été une expérience assez exceptionnelle et je ne voulais rien oublier. Et surtout, je voulais que mon petit garçon, quand il serait un peu plus grand, puisse tout connaître.
« Je parle de mon expérience, mais c’est lié à mes engagements contre l’homophobie, pour l’homoparentalité. » Christophe Beaugrand
On a toujours l’impression qu’on va oublier des choses, parce qu’on se rappelle de trucs et puis au bout d’un moment la mémoire vous fait défaut. Donc, on a mis ça sur papier. Après avoir lu une interview que j’avais donné dans un journal durant l’été 2020, un éditeur des Éditions Plon m’a contacté en me disant qu’il trouvait que c’était intéressant de raconter notre histoire. Il m’a convaincu et m’a dit que c’était important selon lui, justement pour faire évoluer les mentalités. Donc je me suis dit, bien voilà, pourquoi pas, je vais me lancer.
Le 2ème confinement a été l’occasion. J’avais plus de temps car un peu moins de boulot et c’est ce qui m’a permis aussi de me lancer.
C’était un gros projet, il y a plus de 300 pages et ça a été un vrai boulot d’introspection. Ce qui me touche énormément depuis qu’il est sorti il y a 3 semaines, c’est le nombre de messages. Finalement, ça concerne beaucoup plus de personnes que je ne le croyais.
Avez-vous toujours ressenti l’envie de devenir père ?
Oui, c’est une des choses que je raconte dans le livre. Depuis tout gamin, j’ai toujours eu envie de paternité et à la maison les valeurs
de la famille étaient hyper importantes. Je me disais que j’aurai vraiment réussi ma vie le jour où je deviendrai papa, toutes les cases
seraient cochées. Je me disais que ça allait être impossible quand j’ai découvert mon homosexualité. C’était un peu le parcours du combattant, mais je pense que, quand on a vraiment envie, quand « Je parle de mon expérience, mais c’est lié à mes engagements
contre l’homophobie, pour l’homoparentalité. »
« Il ne faut jamais oublier que l’homophobie est un combat que je mène depuis longtemps. C’est la cause de suicide n°1 aujourd’hui chez les jeunes ados. » Christophe Beaugrand
On a ce rêve au fond de soi et qu’on a vraiment envie de le réaliser, on peut déplacer des montagnes. C’est ce qu’on a réussi à faire. On n’est pas les seuls. Il y a plein d’autres familles qui y parviennent. Beaucoup de gens nous envoient des messages assez touchants, ce ne sont pas que des couples homosexuels. Il y a parfois des femmes qui nous envoient des messages en disant : « je me suis reconnue dans votre parcours parce que j’ai dû avoir un don d’ovocytes, parce que mon mari était stérile etc… ». On se rend compte qu’il y a beaucoup de gens pour qui devenir parents est un combat et ils se reconnaissent dans ce que l’on raconte.
Que souhaitez-vous dire à ceux qui n’accepte pas la GPA, ni l’homoparentalité ?
Je peux comprendre qu’on soit opposé à la GPA pour des raisons philosophiques mais très souvent il y a de faux arguments
qui sont utilisés du genre “on utilise des femmes qui sont dans la misère”. Aux États-Unis par exemple, ce n’est pas possible, c’est ce que j’explique dans le livre. Les femmes sont sélectionnées sur leurs revenus. Ce sont uniquement des femmes qui ont de bons revenus, pour que justement, l’argent ne soit pas une motivation. Donc il y a tout un tas de choses à déconstruire. Parfois les gens sont contre la GPA pour de mauvaises raisons parce qu’en fait ils ne savent pas vraiment comment ça se passe.
Et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai eu envie d’écrire ce livre. Après il y a des gens qui ne seront jamais d’accord mais je respecte leur avis et c’est comme ça. Après ce n’est pas grave, on peut ne pas être d’accord tout le temps, c’est la vie. Sur l’homoparentalité, il y a des parents qui sont homosexuels qui élèvent leurs enfants, ça existe. On peut se dire que ce n’est pas bien,
si ça dérange, mais ça existe de toute façon donc après on ne peut pas se voiler la face et faire comme si de rien n’était.
Je pense qu’il y a des gens qui ont un peu de mal à se rendre compte que le monde a évolué mais il va bien falloir qu’ils y arrivent.
De toute façon la réalité est ce qu’elle est, et aujourd’hui nos familles sont acceptées. Pour ma part, ça se passe très bien
à la crèche, donc , heureusement la société évolue et c’est très bien.
Vous êtes montré à titre d’exemple sur la réussite de l’homoparentalité en France. Est-ce compliqué à gérer cette médiatisation ?
Je n’avais pas conscience de ça mais c’est vrai que pour beaucoup de couples homos, on leur montre que c’est possible. Ça peut susciter un peu d’espoir. Il ne faut jamais oublier que l’homophobie est un combat que je mène depuis longtemps. C’est la cause de suicide n°1 aujourd’hui chez les jeunes ados. L’homosexualité rejetée ou mal acceptée. Je suis assez fier si jamais cette médiatisation
peut être utile à quelque chose et j’ai la naïveté de croire qu’elle l’est, je l’espère en tout cas.
On dit que l’arrivée d’un enfant est le plus beau jour de sa vie, pouvez-vous nous le confirmer ?
Oui, je confirme. C’était un moment magique et très fort. C’est le moment le plus fort de la vie pour tout le monde quasiment. Mais c’est d’autant plus fort quand ça a été très compliqué.
Lequel de vous 2 est le papa le plus cool ?
Ah c’est moi ! je suis trop cool parfois. Il n’est pas commode l’autre papa. Ghislain est un peu plus autoritaire. Moi je pense que je vais être celui qui va se faire avoir à chaque fois. Tant qu’il n’aura pas eu ce qu’il voulait. D’ailleurs, il le fait déjà aujourd’hui. Quand il veut un petit gâteau ou un truc, il demande à son papa qui lui dit non, puis il vient me voir et il fait : Papa ! et parfois, je craque. Donc il faut que je fasse attention, je vais me faire bouffer.
Crédit photos : © Anthony Ghnassia TF1© Collection personnelle – Christophe Beaugrand
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