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Culture / Litterature

L’air du monde de Victor Kathémo : un roman sous forme de plaidoyer

Jérôme Jauréguy a été mis en examen pour des faits de pédophilie. Lors de ses entretiens avec le juge d’instruction, il n’a pas tout révélé. Il le fait désormais par écrit, sous forme de plaidoyer. « L’air du monde » de Victor Kathémo est un roman qui n’hésite pas à porter des jugements sur la société qui est pleine de préjugés et d’interprétations hasardeuses.

L’air du monde : une lecture prenante dès les première lignes

« Vous m’avez dit que vous ne m’auriez jamais pensé capable d’un acte aussi extrême. Pour le comprendre il eût fallu, rien que dans une moindre mesure, vous mettre à ma place, celle que personne au monde, fût-il porté par un courage herculéen ou prostré dans une humilité christique, n’aurait enviée. Qui peut réellement se mettre à la place de l’autre ? Chaque être est unique. » Le roman de Victor Kathémo commence fort ! Dès les premières lignes, Jérôme Jauréguy s’adresse au juge d’instruction afin de lui faire comprendre que ce dernier n’a pas été capable de le comprendre, de comprendre ses actes. Tout au long du roman, il n’aura de cesse d’expliquer son état d’esprit au fil des événements qui ont marqué sa vie, et tout ça en s’adressant directement au juge, comme dans un plaidoyer. Il va tout lui révéler, jusque ses épisodes les plus sombres, ceux où il semble atteint de schizophrénie, afin de lui faire comprendre la motivation de ses actes. Mais de quels actes parlons-nous au juste ? Vous le comprendrez en lisant ce livre qu’il est bien difficile de lâcher une fois entamé. Cette lecture est presque hypnotique. Les informations qui nous sont données arrivent au compte-gouttes, et on se fait des fausses idées avec le peu d’éléments qu’on a. Alors on veut en savoir plus, on tourne les pages pour découvrir la vérité. N’est-ce pas justement contre ces mauvaises interprétations que l’auteur porte des jugements ? Si, et c’est très déroutant.

Un enquête mystérieuse

Outre la forme de plaidoyer, une autre chose m’a beaucoup intriguée durant ma lecture : Jérôme Jauréguy s’adresse au juge même pour lui spécifier qu’il fait une pause pour aller boire un café, pour aller faire une promenade. Il continue même à s’adresser à lui lorsqu’il décrit ce qu’il voit lorsqu’il répond « à l’appel des rues bordelaises », comme s’il s’adressait à un être imaginaire qui était en permanence près de lui. Jérôme Jauréguy est-il atteint de folie ? Il y a tout un passage sur cet état mental. Et pour faire comprendre qu’il n’en souffre pas, il n’hésite pas à raconter des histoires qu’il a entendues avec d’autres personnes. En agissant de la sorte, il tente de brouiller les pistes, et surtout de faire en sorte que le juge d’instruction le regarde sans le moindre préjugé, comme un total inconnu.

Une histoire mentale

Il va ainsi en raconter beaucoup des histoires, afin de lui montrer que certaines situations ne sont pas ce qu’elles paraissent. Et que c’est le cas ici, que le juge l’a machinalement enfermé dans un contexte précis sans chercher à le comprendre. Il y a l’histoire de Munoz qui vend les cendres de son grand-père à Mexico. Il y a aussi celle de commandant de police chargé de démanteler les réseaux de prostitution, et j’en passe. Chacune de ces histoires a un but bien précis : creuser le doute dans l’esprit du juge.

Une psychologie d’un personnage maitrisée par Victor Kathemo

« L’air du monde » est un roman déroutant. Aussi bien par sa forme que par son contenu. Jérôme Jauréguy dévoile le contenu le plus profond de son âme, couche après couche, et à tout moment on s’attend au pire. Cette lecture est bouleversante !

Le site de l’auteur : http://victor-kathemo.com/

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