Entretien avec l’artiste sculptrice Laurence JENK
Jusqu’au 15 octobre 2022, Laurence JENK expose huit oeuvres à travers le village de Saint-Jean-Cap-Ferrat avec son exposition CAP JENK . L’artiste est notamment connue et reconnue pour ses sculptures monumentales en forme de bonbons aux couleurs éclatantes. À l’occasion de son exposition, l’artiste s’est entretenue avec nous pour parler de son travail et de ses projets.
Pourquoi est-ce que vous avez choisi le bonbon comme symbole ?
Je n’ai pas choisi le bonbon, c’est le bonbon qui m’a choisi ! (rires) Je n’avais absolument pas prévu et cela s’est imposé à moi. J’adore les bonbons, dont d’ailleurs, je fus privée étant enfant. Je les affectionne tout particulièrement. Ils reviennent souvent dans mes créations, avec cette forme semi-rectangulaire enveloppée dans un papier coloré.
C’est un objet qui me parle, avec ses formes à la fois sensuelles et sucrées. Certes, cela rappelle l’enfance. Mais en même temps quand on regarde cet objet, il y a cette torsion qui n’est pas un geste anodin. Cela peut aussi aller chercher plus loin dans des souffrances que j’ai pu avoir à titre personnel et c’est vrai que je règle un peu aussi mes comptes sous une forme douce et sucrée. Cette forme me permet aussi de pouvoir parler de sujets qui me tiennent à cœur, comme la violence, la défense des enfants maltraités, les droits des femmes, la société de consommation et la protection de l’environnement par exemple. Certaines ventes de mes œuvres sont par ailleurs reversées dans leur intégralité à des associations.
Pouvez-vous nous parler de vos différentes collaborations ?
J’ai fait quelques collaborations avec des grandes marques de prestige comme Coca-Cola par exemple ou avec Mattel en utilisant les personnages de Barbie et Ken.
J’ai également travaillé avec des marques de la mode comme Chanel, Hermès, Louis Vuitton, Gucci… Avec ces marques, j’ai décliné des miniséries en édition limité des sculptures bonbons. Il y a toujours eu un exemplaire dans la fondation de la marque en question.
Est-ce que vous pouvez nous parler de vos prochains projets ?
Je suis basée actuellement à Monaco puisque j’y ai ouvert un atelier galerie. Je suis membre de plusieurs associations en tant que chef d’entreprise.
Il y a aussi toujours beaucoup d’événements qui gravitent dans la principauté.
J’ai également un projet d’exposition de sculptures à Dubaï au centre des affaires, avec des sculptures monumentales.
En tant qu’artiste, quand on vous parle des NFT’s, qu’est-ce que cela vous inspire ?
C’est vrai qu’on peut faire de grandes choses avec les NFT’s, c’est l’avenir. En ce qui me concerne, je le constate par rapport à mes certificats d’authenticité sur des blockchains.
Maintenant, il y a eu une grande envolée avec des NFT’s et là, j’ai l’impression que tout cela tombe un peu comme un soufflé. Il faut se tenir à l’écoute de ce qui se passe et vivre avec son époque, c’est incontestable. Mais tout en restant prudent.
Je dis “oui” aux NFT sans forcément courir derrière ce concept. Je trouve cela fabuleux, fascinant, mais en même temps, je me tiens un peu en retrait quand même par rapport à ça.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je dirais que c’est la vie en elle-même qui m’inspire. Toute chose qui m’entoure, que ce soit une page de magazine ou alors en marchant dans la rue, en voyageant… Tout est source d’inspiration.
Certains artistes aussi m’inspirent comme Picasso, Miro, Camille Claudel, Nicky Saint Phalle… Des grands artistes qui m’ont beaucoup apporté. Jeff Koons aussi est un modèle brillantissime.
J’ai d’ailleurs eu l’occasion d’assister au vernissage de l’une de ses expositions sur une toute petite île en Grèce où deux mille personnes sont venues spécialement pour lui ! C’était exceptionnel et spectaculaire !
Vous avez aussi décliné vos œuvres également en bijoux. Avez-vous d’autres déclinaisons que vous souhaitez faire de vos œuvres ?
Oui, j’aimerais beaucoup refaire ces bijoux qui furent à la base des œuvres anecdotiques.
Ce sont des petits bijoux que j’avais offert lorsque j’ai eu ma décoration de Chevalier de l’ordre des arts et des lettres. C’étaient des cadeaux pour les trois cents personnes qui étaient venues lors de cette cérémonie. Il y avait soit un collier, soit un porte-clés. J’avais effectivement dans l’idée de faire une petite ligne de joaillerie. Mais surtout, je souhaite créer des œuvres dans l’excellence. Créer des pièces uniques, que ce soit en un, deux ou trois exemplaires dans le monde entier. Ce seront des pièces beaucoup plus élaborées sur lesquelles je suis en train de travailler actuellement et qui prennent du temps.
J’ai aussi envie de créer un parfum, de créer une collection dans la maroquinerie… Mais qui seront toujours des pièces uniques crées dans une idée d’excellence quoi qu’il arrive. Mes créations ne sont que des pièces uniques, comme pour chacune des sculptures d’ailleurs. C’est toujours une tension, un drapé particulier, qui fait ce qui est devenu mon bonbon, un objet rare d’exception. Parfois, je fais des éditions 8+4 pour les polyesters, mais toujours avec une couleur différente dans une même édition, parce que je veux justement que mes collectionneurs aient une oeuvre unique.
En parlant de créations uniques, avez-vous déjà eu des demandes farfelues ?
Oui, cela arrive ! (rires) Une fois, par exemple, j’ai réalisé une structure de bonbon dans laquelle il m’a été demandé de mettre des préservatifs pour la sortie d’un album d’un DJ reconnu. J’ai accepté parce que je trouvais que cela avait du sens et que c’était le packaging était sympa. Et finalement, on ne voyait pas du tout ce qu’il y avait dans le bonbon !
Quel est l’avenir de l’art pour vous ?
C’est toujours le grand débat : qu’est-ce que l’art ? Marcel Duchamp avait déjà beaucoup fait couler d’encre à l’époque sur ce sujet. Tout peut être de l’art. Aujourd’hui, le fait que la création soit dématérialisée, pourquoi pas. Mais après, il faut que ce soit que ce soit de l’art pour l’art. Parce que, quand c’est l’argent le sujet principal, on perd en crédibilité et le message est faussé.
Est-ce que vous avez un petit mot pour terminer cet entretien ?
- Je pense qu’il faut vivre ses passions autant que possibles. Le monde de l’art, ce sont les paillettes, ça fait rêver beaucoup de monde, mais c’est très compliqué. Il y a beaucoup de monde, mais il y a peu d’élus. Il faut s’inscrire dans une durée ou on peut faire quelque chose d’éphémère. Après, c’est chacun sa stratégie et par rapport à ses possibilités. Ce qui est le plus magnifique, c’est de pouvoir s’exprimer, que chacun se fasse plaisir, que chacun crée quelle que soit la motivation. Il y a plusieurs formes d’art, pour toutes les bourses et tous les goûts et c’est cela qui est fabuleux aussi.
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