Menu
Artistes / Culture

Sergio Durante : La modernité d’un classique projeté dans le futur

« REGARDEZ L’HYDROGÈNE SE TAIRE DANS LA MER,
REGARDEZ L’OXYGÈNE DORMIR À SES CÔTÉS,
UNE SEULE LOI QUE JE PEUX COMPRENDRE
A PU LES UNIR SANS LES FAIRE EXPLOSER… »
FABRIZIO DE ANDRÉ, “UN CHIMICO”, 1971

1950 : M. Abbott produit pour la première fois une fibre de carbone, en soumettant la
rayonne à une température proche de 1000 °C, obtenant ainsi un matériau aux propriétés
mécaniques révolutionnaires.

1958 : Roger Bacon, scientifique des matériaux, conçoit la première fibre de carbone à
haute performance.

1959 : Akio Shindo perfectionne cette fibre à partir de polyacrylonitrile. Puis en 1966, E.
Fitzer et H. Schlesinger innovent avec une version issue de phase gazeuse.

Mais au lieu d’entrer dans les détails chimiques et techniques, pensons plutôt à l’avant de
la McLaren MP4/1 pilotée par John Watson en 1981 sur le circuit de Silverstone : une
monocoque en fibre de carbone. Une victoire historique qui inaugura une ère nouvelle
pour l’automobile, et bientôt pour le sport, l’aéronautique, et… l’art.

Car aujourd’hui, ce matériau est devenu omniprésent. Ultra-léger, extrêmement résistant,
futuriste par essence, la fibre de carbone est le symbole d’une esthétique technologique.
Et c’est justement à partir de cette matière que Sergio Durante, artiste, ingénieur et
visionnaire italien, crée une nouvelle grammaire de l’art contemporain.

Durante a la main du sculpteur, la rigueur du technicien, la sensibilité du poète. Il
respecte les canons antiques du marbre, du bronze et du bois, tout en leur insufflant un
souffle moderne, presque futuriste. Dans ses mains, la fibre de carbone devient chair,
souvenir, provocation.

Son travail naît dans les collines du Piémont, à Biella, région d’industrie et de tradition, où
il crée entre montagnes majestueuses et passé textile. Mais son esprit est gênéois :
ouvert, explorateur, inventif. L’atelier est son navire, la fibre son océan.

Il revisite les classiques : une Vénus ou un David sculptés dans des fibres recyclées
d’avions ou de voitures de course, légers comme l’air, solides comme le sens. Il
s’aventure aussi dans la peinture contemporaine, où le support noir de la fibre devient
texture, symbole et narration. Pop, orientalisme, ironie : les thèmes se croisent et se
superposent.

Chaque œuvre est unique, non seulement par sa forme, mais par son essence : la fibre
qu’il utilise a déjà vécu, elle porte en elle l’histoire d’un jet militaire ou d’un bolide de
course. C’est une mémoire matérielle, que Durante transforme en récit visuel.

Des sculptures comme Surfing the Metaverse ou The Napster deviennent des manifestes
critiques : l’art affronte la technologie, l’identité numérique, le capitalisme. Mais sans
lourdeur : il y a toujours une esthétique, une grâce, un équilibre.

Sergio Durante est un pionnier : il ne se contente pas d’utiliser un matériau d’avenir, il en
fait une philosophie. Entre classicisme et disruption, entre savoir-faire artisanal et vision
industrielle, il incarne une voie nouvelle pour l’art contemporain italien.

Et c’est sans doute pour cela que ses œuvres s’exposent aujourd’hui à Paris, Rome,
Milan, Miami, Dubai et bientôt à Cannes, à la Villa Forbes, pendant le Festival du Cinéma
2025. Car l’art de Sergio Durante est un voyage. Et il a déjà pris son envol.

Rédaction : Giorgio Barassi